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M Aouragh

 LES PETITES MAINS*

 

Publié le 29 septembre 2011 par Mohamed Aouragh

 

Au Douar ce matin
La visite inopinée
De ce citadin endimanché
N’annonçait rien de bien…

Au retour de l’école
Marchant à travers les terres
Accompagnée de tes frères
Un présage ce jour là
Ne trompait pas…

Ce citadin sournois
Arrogant levant la voix
Venait pour t’arracher
Venait pour t’emmener
En ville pour travailler
Comme bonne assujettie
Dans une famille éloignée…

Tu serais chanceuse
Et ta famille si nombreuse
Recevrait de l’argent et des biens
Pour améliorer son quotidien…

Au début l’accueil fut chaleureux


Le travail tyrannique et laborieux
Tu n’avais que dix ans
Tout juste l’âge de raison…

Première levée
Dernière couchée
Esclave asservie
Tu dormais dans un réduit…

La dame de la maison
Devenait exigeante
Puis menaçante
Souvent violente…

À longueur de journée
Tu étais sollicitée
Servir madame monsieur
Leurs enfants capricieux
Le dernier te tirait les cheveux
Te faisait les gros yeux
Te menaçait te frappait
Puis se plaignait
Et pleurnichait…

Lorsque le soir arrivait
Tu servais le dîner
La vaisselle tu la faisais perchée
Sur un vieux tabouret
Pour atteindre l’évier
Puis tu t’asseyais
Sur ce même tabouret
Très loin de l’assemblée
Exténuée à lutter
Harassée et usée
Par le travail des longues journées
Ton Douar te manquait
Et ta famille que tu chérissais…

Si madame dormait
Ou bien sortait
Monsieur égrainait
Machinalement son chapelet
Avachi sur le canapé
Zappant les chaînes de télé
Tu n’étais pas rassurée
De rester à ses côtés
Depuis qu’il avait caressé
Tes longs cheveux tressés
Regard malsain et noirci
Cette nuit tu n’avais pas dormi…

Un jour tu t’es oubliée
Devant cette grande télé
Fascinée captivée
À regarder à admirer
Un dessin animé
Le Tagine a brûlé
Tu as paniqué
Terrorisée affolée
De peur d’être frappée
Tu es partie effondrée…

Toute seule perdue
Dans cette ville méconnue
Cette maison
Devenue ta prison
Tu devais la quitter
En sortir t’évader…

Toute la journée
Tu as erré attristée
À travers les rues
Puis la nuit est venue
Anéantie et meurtrie
Tu t’es blottie
Dans une entrée
D’un immeuble délabré
Au moindre bruit
De pas qui résonnait
La peur te terrassait…

Une femme t’a trouvée
Elle t’a consolée
Tu lui as conté
Tes douleurs passées
Elle t’a soignée
Elle t’a rassurée
Et t’a confiée
À l’association du quartier
Qui se préoccupe
Et s’occupe
Des enfants abandonnés
Cette rencontre inespérée
Cette chance que tu as eue
T’ont arrachée
À l’enfer de la rue…

 

Les petites mains* : d’après des associations 70 000 petites bonnes issues de familles pauvres de moins de quinze ans travaillent dans des foyers marocains…
De nombreuses petites bonnes viennent des villages enclavés…
Certaines subissent des sévices sont exploitées maltraitées battues et violentées…
Cet été au Maroc à EL JADIDA Khadija petite bonne de sept ans est décédée sous la torture de son employeuse un procès est en cour, des cas de maltraitance similaires laissant des séquelles à vie passent souvent sous silence…
Maintenant des associations se battent contre cet esclavagisme sillonnent des villages informent et aident les familles pauvres en payant la scolarité des petites filles…
Le gouvernement marocain étudie un projet de loi interdisant le travail des enfants de moins de quinze ans comme domestiques.

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