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- Publication : mercredi 17 octobre 2012 20:20
Décès Abderrahmane Paco, adieu maître
Le dimanche 14 octobre, un grand nom de la chanson nous a quittés. Abderrahmane Kirouche, communément connu sous le nom de Paco, a tiré sa révérence, en toute discrétion, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 64 ans. Celui qui a su imprimer à la chanson ghiwanie l’âme gnawie ne chantera plus.
Avec son look débridé et ses habits atypiques, Paco a donné une dimension gnaouie au groupe mythique
La famille ghiwanie vient de s’endeuiller par la mort de son grand maître gnawi Abderrahmane Paco, un homme qui avait l’amour de la musique dans les veines et qui avait l’art et la manière de transmettre cette passion qui lui brûlait les doigts à travers les notes du «guenbri» qu’il faisait parler comme personne. Abderrahman Paco ne jouera donc plus et ne chantera plus depuis que la mort l’a fauchée, le dimanche 14 octobre, à l’âge de 64 ans des suites d’une longue maladie. Celui qui a toujours vécu dans la discrétion et la dignité, nous a quittés, tout aussi discrètement et sans faire de bruit. Néanmoins, ceux qui l’ont écouté chanter et regardé danser n’oublieront pas de sitôt son talent et surtout son charisme et sa présence qui font de ses prestations de purs spectacles.
Avec son look débridé et ses habits atypiques, Abderrahmane Kirouche, de son vrai nom, a donné une dimension gnaouie au groupe mythique Nass El Ghiwane quand il l’intégra dans les années 70, années de toutes les folies, de toutes les extravagances, mais surtout de tous les engagements. Celui qui a baigné, toute son enfance, dans l’atmosphère d’Essaouira et respiré son air chargé d’art et de créativité a su imprimer son cachet à la ligne éditoriale du groupe, sans jamais en altérer l’essence. Aussi, des tubes qui font désormais partie du répertoire immortel du groupe légendaire sentent-ils le souffle du maître gnaoui. «Ghir khoudouni», «Lebtana», «Mahmouma», «Nerjak Ana» ou encore l’incontournable «Sinia» sont imprégnés de ses rythmes et de son âme. Paco a, en effet, su apporter la touche qui manquait à Nass El Ghiwane qui avait le mérite de puiser dans différents genres du patrimoine musical du Maroc (melhoun, aïta…). Avec son «guembri», il donnait aux mots un nouveau sens. Son interprétation singulière et sa voix se chargeaient d’emporter ses spectateurs dans l’univers de cet artiste hors du commun. Ses chansons étaient, en fait, une invitation à la transe.
Paco lui-même ne tardait pas à se retrouver dans cet état (hal) qui alliait exaltation, allégresse puis extase. Et c’est là que l’on comprenait que la musique et lui ne faisaient qu’un. Une union sacrée qui conférait à sa démarche un caractère soufi et mystique. Une fusion que seule la mort a réussi à dissoudre.
Publié le : 15 Octobre 2012 - Kenza Alaoui, LE MATIN