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- Publication : mercredi 20 février 2019 06:44
Sionisme : le mot dévoyé.
19Février2019
Soyons clair, si certains préfèrent aujourd’hui utiliser le mot sioniste plutôt que le mot juif pour masquer leur antisémitisme, le fait de faire précéder ce mot de l’adjectif « sale » révèle le vrai caractère de leur insulte.
Néanmoins, dans le contexte actuel et après l’instrumentalisation qu’a générée l’agression verbale subie par Alain Finkielkraut, il est utile de préciser que sémantiquement ces deux mots antisémite et antisioniste ne sont pas des synonymes. (La suite après cette intrusion malvenue)
S'ils l’étaient, il faudrait alors considérer les antisionistes religieux juifs, nombreux en Israël, comme des antijuifs. Pour ces orthodoxes le royaume d’Israël ne peut exister sans une intervention messianique. Je cite leurs rabbins :
« La Promesse de la Terre, doit s’accomplir par le Messie, miraculeusement et surnaturellement, sans armes et sans guerre, avec l’accord de toutes les nations intéressées »
Qu’on cesse une fois pour toutes ces captieuses manipulations. Le mouvement sioniste moderne remonte au 19ème siècle en Russie et en Europe centrale où les citoyens de confession juive étaient victimes de persécutions et de pogroms.
A la suite de l’affaire Dreyfus, révélatrice d’un antisémitisme pervers touchant une frange de la bourgeoisie française, un journaliste austro-hongrois de confession juive, Théodore Herzl, qui couvrait le procès du jeune capitaine accusé à tort d’avoir livré des documents secrets à l’Allemagne, fut fortement ébranlé. Quoi ? La France, cette France des lumières qu’il admirait était, elle aussi, contaminée par l’immonde virus antisémite. Il passa quatre année à écrire l’Etat Juif et usa d’un slogan très mobilisateur pour lancer son projet : « Une terre ans peuple pour un peuple sans terre »
Il se trouve que la Palestine située géographiquement au centre du croissant fertile, loin d’être dépeuplée, était habitée par des Palestiniens comptant 60% de musulmans, 38% de chrétiens et une toute petite minorité d’israélites vivant autour de leurs lieux saints. C’est ce que l’enquêteur envoyé sur place par Herzl lui révéla à son retour. Dans un additif, l’auteur de l’ouvrage, fort honnêtement, envisagea que cet Etat pourrait s’édifier ailleurs, en Ouganda ou en Argentine, par exemple. Trop tard ! Le slogan avait fait florès et les yeux de tous les adeptes de cette idéologie nouvelle se braquèrent sur cette rive orientale de la Méditerranée si tentante.
« L’an prochain à Jérusalem ! » Cette prière qui n’évoquait jusqu’alors qu’une cité spirituelle, une utopie en quelque sorte, se mua peu à peu en un but à atteindre.
Par leur aveuglement barbare et sanguinaire les nazis ancrèrent dans l’idée d’une majorité de Juifs et de dirigeants occidentaux que la création de l’Etat d’Israël était une nécessité.
En 1947 quand la résolution 181 fut votée, aucun peuple encore sous tutelle coloniale n’était représenté à l’ONU et notamment la plupart des pays musulmans qui sans nul doute auraient voté contre. Leur antijudaïsme date de cette époque car au cours de leur histoire les musulmans et plus particulièrement les brillantes civilisations arabes du Moyen Age n’ont jamais fait montre d’antisémitisme et avaient très souvent des ministres ou vizirs juifs dans leurs gouvernements. Rien de comparable avec les monarques chrétiens qui les massacrèrent ou les chassèrent d’Espagne après la « Reconquista »
Tout ça pour dire que l’antisémitisme n’est pas une tare musulmane mais bien une tare d’origine européenne puisant sa source dans un christianisme orthodoxe ou un catholicisme intolérant. L’injure de l’excité alsacien converti au salafisme hurlant « sale sioniste » à Alain Finkielkraut, procédait du même état d’esprit que l’insulte des fachos qui, en retrait, marmonnaient « sale juif » en faisant le geste de la quenelle.
Un fait est certain. La création de l’Etat d’Israël et l’expulsion de ce territoire de millions de Palestiniens a rendu bien des Arabes musulmans ou chrétiens, antijuifs. Toutefois, étant eux mêmes des sémites, ils dévoient intentionnellement le mot sioniste qui, je le répète, ne veut absolument pas dire qu’on déteste les juifs.
Ceux qui prônent la destruction de l’Etat israélien ignorent-ils que cet objectif aboutirait à un génocide encore plus terrifiant que celui perpétré par les nazis ?
La résolution 242 de l’ONU somme Israël de restituer à leurs légitimes propriétaires les territoires indûment occupés pendant la guerre des six jours en 1967. Tant que cette résolution ne sera pas appliquée je serai un antisioniste non pas viscéral, comme les antisémites qui se camouflent derrière ce vocable, mais un antisioniste politique. Ceux qui veulent qu’antisémite et antisioniste aient le même sens font preuve d’une partialité ou d’une ignorance extrêmement navrante face à un conflit qui exacerbe depuis des décennies les fanatismes et leurs cortèges d’horreurs.
A bat l’antisémitisme ! A bas le racisme ! Vive les les juifs et les palestiniens
Vivaaaa !
JB
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