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- Publication : mardi 27 novembre 2018 06:44
MA PARLURE ET MES IMMIGRANTS
Par Majid Blal
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Les partis politiques s'entredéchirent, en instrumentalisant l'immigration, sans demander l'avis des concernés en première instance. Les immigrants devenus citoyens.
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Un allophone qui nous écouterait parler, n'apprendra jamais la qualité du français qu'on exige de lui. Il intégrera le français qu’il nous entendra débiter.
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Depuis l’électrification de la province et son affranchissement de l’emprise du clergé catholique qui lui intimait de se reproduire indéfiniment, surtout en hiver, le québécois a inventé le concept de l’immigrant parfait, pour agrémenter ses palabres hivernaux.
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Alors, quand advint le froid et les nuits lugubres, on n’entend plus les gémissements des femmes sortant avec la fumée des cheminées. (Image inspiré du beau film québécois « La grande séduction »). On n’entend plus des :
- Va-plus-vite ! Encore, encore ! Ne t’arrête surtout pas, sinon tu couches dehors! C’est fade, je ne sens rien, faudrait-il que je me trouve un immigrant comme mon amie France qui a découvert l’orgasme, grâce aux immigrants ?
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De toutes les façons, il n y a plus de cheminées, ni d’immigrants de service. Ils se sont fondus dans la masse.
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Quand le québécois s’ennuie, il ressort son sujet de prédilection : l’immigrant parfait.
L’immigrant qui frise la perfection. Celui qui parle le français mieux que lui. Celui qui intègre les cours de francisation obligatoires, à temps plein, tout en travaillant ou en cherchant de l’emploi, à temps plein. Celui qui ne doit pas avoir le privilège de s’inscrire dans la conciliation travail- famille. Celui qui réussit ses examens de français mieux que nos universitaires qui ratent l’examen de français du ministère, surtout en Éducation.
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L’immigrant ne devrait pas protéger, préserver, anoblir notre langue là où nous avons failli. Là où ou nous avons démissionné. Ce n’est pas aux immigrants d’être les garants de la qualité de notre langue, si nous-mêmes, n’avons pas su l’empêcher de péricliter.
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Si nous sommes incapables de préserver notre langue, il faudrait, peut-être, s'instruire chez les amazighs et chez les juifs errants. Ces résilients qui ont gardé leurs Parlures, de puis des millénaires sans aides et sans concessions. Un Amazigh, un Corse, un Breton...s'assument d'abord et n'exigent de personne d'être le gage de leurs propres cultures. Il faut donner l'exemple. Il est important de séduire au lieu d’imposer.
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L’immigrant est supposé être une entité parfaite. Elle doit choisir les bons camps, sans être déloyale. Ne jamais tricher sur rien, ne jamais avoir un petit accroc avec la loi, ne jamais sentir les épices de son pays, ne jamais oser hausser la voix, même quand elle subit un tort. Elle doit être docile, servile, toujours à remercier par gratitude.
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L'immigrant ne doit surtout pas intégrer les discussions politiques ou les débats sociétaux, à moins d’être l’immigrant de service qui n’a pas sa propre opinion. Sinon, vite, très vite, on lui dira de retourner dans son pays, de CRISSSSER son camps, d’aller vivre dans sa grotte…
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L’immigrant, surtout le nouvel arrivant, doit être assez hypocrite pour dire qu’il affectionne le long hiver, qu’il aime le Hot-Chiken et les palettes dures des pavés de tourtière…hhh
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L’immigrant, qui est faussement accusé d’être un instrument du Fédéral pour noyauter et angliciser le Québec, n’est, en réalité, qu’un produit de la sélection de la province.
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Depuis 1991, l’ACCORD GAGNON-TREMBLAY–MCDOUGALL permet au Québec de choisir ses immigrants par le biais d’un certificat de Sélection, où la connaissance du français est censée primordiale. De choisir 24% de tous les immigrants vers le Canada…Sous l'égide du PLQ et du PQ, cela a toujours été ainsi. En plus d’avoir tué le COFI qui donnait des cours de langue française aux allophones.
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Tout cela importe peu. Quand le québécois s’ennuie et qu’il se rend compte que sa dulcinée a déjà gouté au Mamadou, Carlos, Ghita, Farida, Juanita, Fatoumata, Majid (Faudrait bien que j’y sois, monzami…lol), alors, il se met en groupe et il tape sur les Nouveaux-arrivants, les Importés(es)…
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Finalement, puisque la responsabilité est souvent partagée, les associations pluriethniques qui sont désignées pour défendre le juste point de vue sur l'immigration, sont devenues les otages des subventions. On défend un point de vue controversé, on se crée sa job de directeur d'un organisme communautaire, on y contrôle son Conseil d'Administration et on devient un Mugabe de l'associatif.
Il n'y a qu'a regarder combien de Pseudo défenseurs des immigrants sont en poste, depuis des décennies ils ne lâchent pas le morceau..
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Un allophone qui nous écouterait parler, n'apprendra jamais la qualité du français qu'on exige de lui, il ne fera que singer et mimer notre parlure.
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Majid Blal, le 23, novembre 2017.