Nous avons 80 invités et aucun membre en ligne

Samedi - Sem. 23 1 0 Juin Landry TDernier quartier
Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c'est quelque chose qui ressemble au destin. Tahar Ben Jelloun.

Article à lire

Les néophytes

25-10-2016 Hits:2907 Jean BERTOLINO Super Utilisateur - avatar Super Utilisateur

  Certains jeunes Français convertis à l’Islam sont nettement plus fanatiques que les musulmans de naissance. Ce n’est pas l’aspect spirituel de cette religion qui les attire, mais hélas son aspect...

Read more

Rachid Taha, le doux subversif

23-09-2018 Hits:3810 Actualités Aouragh Aziz - avatar Aouragh Aziz

  Le musicien algérien résidant en France est mort à l’âge de 59 ans. Retraçant leur parcours commun, d’Oran à Paris, l’écrivaine Brigitte Giraud raconte comment, à partir des années 80...

Read more

Héroïne du quotidien

22-05-2015 Hits:3028 Michel ETIEVENT Aouragh Aziz - avatar Aouragh Aziz

J’ai dans ma galerie de personnages, une femme que j’ai toujours révérée. Une anonyme qui aurait pu dormir au Panthéon ou sur la couverture d’un livre d’histoire. Elle s’appelait Emilie...

Read more

A bas les tyrans africains

22-05-2015 Hits:4273 Jean BERTOLINO Jean Bertolino - avatar Jean Bertolino

Les présidents des républiques africaines ne vont plus oser quitter leur pays de crainte qu’un opposant leur fauche la place. Regardez Pierre Nkurunziza du Rwanda, à majorité Hutue. Il...

Read more

Souvenirs, souvenirs...

20-02-2019 Hits:2963 Jean BERTOLINO Aouragh Aziz - avatar Aouragh Aziz

Jean Bertolino a été grand reporter de guerre pendant 30 ans, puis responsable du service des grands reportages à TF1, avant de produire le magazine 52 sur la Une sur...

Read more
FaceBookTwitterGoogle+Instagram

S'UNIR

MICHEL ETIEVENT

 

Héroïne du quotidien…


S’il fallait portraitiser une héroïne du quotidien, mon choix n’irai pas vers celles qui brillent le temps d’un feu de paille ou d’une photo sur Voici.

J’ai dans ma galerie de personnages, une femme que j’ai toujours révérée. Une anonyme qui aurait pu dormir au Panthéon ou sur la couverture d’un livre d’histoire. Elle s’appelait Emilie. Issue de « gens de peu », elle était née en Haute Tarentaise comme on naissait au seuil du vieux siècle. Dans un champ, d’un ventre de mère elle aussi vouée aux visages froissées des aubes de champs.
C’était un temps où seuls les durs résistaient. Il me semble encore entendre sa voix : « Si ça faisait pas, on en faisait un autre ! » disait-elle avec ce sourire qui ourlait ma vie. Sa mère, paysanne, l’avait ramenée dans un tablier et laissé au bord de l’âtre, parce qu’elle devait impérativement rejoindre les prés pour doubler l’orage. Comme le disait E. Carles dans son beau livre « une soupe aux herbes sauvages » le futur d’un pré était alors plus important qu’un avenir d’enfant". D’une fille surtout…. Emilie grandit entre alpage et étable dans un univers de mots simples qui dorment dans le dictionnaire des humbles. « Des fois, le soir, dans ma cahute de bergère, sous la voie lactée, j’essayais de compter les étoiles. Enfin, j’apprenais à calculer comme ça quoi ! » Sa vie sera pointillée de ces travaux de montagne qui vous accablent dès l’enfance. Elle n’ira pas à l’école ou si peu. Les jours de neige peut-être quand la terre ne réclame plus son lot de corps pliés. Un peu de grammaire sous les nuages, un rien de calcul en comptant les jours de cafard qui reste à vaincre avant de revoir son hameau. Le sentier, les chèvres à surveiller.
Forcément, il y aura un promis rencontré au clair d’un été ou allez savoir au velouté d’un accordéon quand au gré d’un tango on se murmurait par dessus l’épaule des amours de promesses. Un autre chemin fait d’enfants à aimer. Un jour, le compagnon se perdra dans les vertiges d’une maladie voleuse de vie et Emilie restera au bord d’une route qu’il lui faudra poursuivre seule. Avec sept enfants à charge. Viendront les horaires infinis entre l’usine et le lopin de terre à féconder, le linge à frotter, les ménages à assurer pour plus de soleil au fond de la fiche de paie, les enfants à faire pousser. « J’aimais bien quand ils apprenaient leurs leçons au coin de la toile cirée où j’épluchais les légumes. J’aurais tant aimé leur ressembler. Tu ne peux pas savoir ce que c’est que de ne pas savoir ! », me confiait-elle parfois. Un impossible pari de femme qui vous fait sans cesse vous demander ce que vaut le prix d’une existence. « Il me semble avoir toujours été vieille ! » disait-elle.
Il y aura la guerre aussi. Elle y frôlera la terreur pour avoir passé au maquis des mots d’espoir dans le guidon de son vélo ou sous les sabots de la mule. Elle ne sera pas décorée et n’aura comme promesses que celles qu’il lui fallu assumer pour l’avenir de ses enfants. Leur donner le sens de la dignité entre les fins de mois à espérer et l’appétit de les voir grandir dans une autre histoire que la sienne. Aucune pause pour prendre un peu soin de soi, lire, rêver, pourquoi pas. Juste des sourires pour confier à ceux qu’elle aime cet insatiable goût de vivre. Un résumé de vie qui tiendrait au creux d’une main. Le poids d’un destin dans les lignes ridées où nous avons grandi tranquillement. L’espoir au bout du cœur. Le sien….Le mien…

MICHEL ETIEVENT
{jcomments on}

979087
Aujourd'hui
Hier
Ce Mois
All days
244
235
3097
979087

Votre IP: 3.231.217.107
10-06-2023

 Le respect de votre vie privée est notre priorité

Sur midelt.fr, nous utilisons des cookies et des données non sensibles pour gérer notre site.
A quoi nous servent ces cookies ?
Ils nous permettent de mesurer notre audience, de vous proposer des contenus éditoriaux et services plus adaptés et vous permettent de partager nos articles sur vos réseaux sociaux comme Facebook.
Cliquez sur le bouton pour valider votre consentement sachant que vous pouvez modifier vos préférences à tout moment sur notre site.