A Hafidi
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- Publication : mardi 15 mai 2012 17:46
La sauvegarde des mines d’Aouli
Nul doute que les Mideltis qui participent chaque année à la bourse aux minéraux en France à Sainte-Marie aux mines constatent comment les autorités de la région d’Alsace ont déployés des efforts afin de conserver et préserver les sites miniers de la région avec toutes leurs dépendances et infrastructures de base datant de plusieurs années (deux mille ans environ). Devenu lieu touristique ses endroits accueillent de nombreux touristes professionnels ou non .Des parcours guidés de trois quart d’heure sous terre dans une des galeries préservée du seizième siècle pour la découverte des sens. Etudiants, élèves, et grand public peuvent profiter d’une visite souterraine et découvrir comment les ancêtres alsaciens bossaient et exploitaient les mines d’argent, plomb et autres minéraux, même les fonderies se mettent en marche comme si s’était jadis. -1
La ville conserve aussi son aspect minier à travers ses différentes statues conçues pour faire prévaloir son âme ancestrale minière : Tels ces wagonnets utilisés par les ouvriers mineurs de la région pendant les siècles passés. Ou encore cette statue de culbuteur (ouvrier déchargeant le produit des wagons à l’aide d’un engin qui renverse le wagonnet dessous pour le faire vider) – 2
Ou encore cette valeur ajoutée créée par les autorités alsaciennes en organisant chaque année la bourse aux minéraux qui revient avec des profits aux habitants de la région. A vrai dire c’est un rassemblement annuel qui connait un succès éblouissant.-2
A Aouli, l’exploitation s’est arrêtée en 1983, à la sortie du B.R.P.M. (Bureau des recherches pétrolières et Minières) aussitôt dit, aussitôt la centrale et la laverie disparaissaient de nuit. Les grands compresseurs et groupes électrogènes de la centrale ont pris d’autres directions, tout le matériel hérité d’ailleurs de la Penaroya s’est éclipsé durant les premiers mois de l’arrêt, même les rails, les wagonnets, les locomotives, les culbuteurs n’ont échappé au pillage sous l’œil complice des autorités. C’était vraiment désolant que de voir cette grande dégradation du site qui était un joyau de la vallée de la haute Moulouya. Les galeries de leur part ont connu un véritable désordre à cause des écroulements et effondrements de terre et de roches dus aux nouveaux visiteurs clandestins, après qu’ils aient été dans une parfaite situation d’ordre et de propreté dégageant d’ailleurs une extraordinaire odeur d’eau mélangée à la terre .Les fameuses résidences des Européens, leur cinéma ont tous été saccagés : le sanitaire, les portes, les fenêtres, les pots de fleurs les jardins, tous ce qui caractérisait la beauté du lieu n’existent plus, on dirait que les vandales sont passés par là. Maintenant il ne reste presque plus que les ruines de maisons et résidences, la fameuse piscine qui était construite sur une vallée entourée d’arbres, de plantations, de fleurs n’est plus aujourd’hui qu’un bassin démoli dépourvu de palissades qui l’entouraient jadis. Ses plantations, ses arbres n’existent plus, son état général est désolant. Les deux lieux de culte(Mosquées) utilisés jadis par les mineurs sont heureusement intacts même si celle d’Anjil n’a pas été épargnée en ce qui concerne ses fenêtres. Le haut village d’Anjil n’est plus que l’ombre de lui-même, les toits de ses maisons ont été enlevés, les portes et les fenêtres aussi. Les marches des escaliers qui slalomaient en direction de celui-ci sont presque impraticables à cause de l’érosion. Les jeunes gens qui ont vécus une partie de leur vie dans ce village se rappellent de l’activité et l’ambiance qui y régnaient, se rappellent également des endroits de défoulement tel que la fameuse Moulouya où les pêcheurs trouvaient du plaisir à pêcher de l’anguille et du barbeau. En été Les petits et les adolescents profitaient des baignades à l’entrée du village tout prés du terrain de tennis. Aujourd’hui tous ces endroits ont perdus leur charme, certains d’entre eux sont disparus. Hélas on déclare avec amertume qu’on aurait du sauvegarder ce patrimoine touristique et historique ne serait-ce qu’à des fins de le transmettre aux générations futures sous son bon état.
Maintenant en l’absence des autorités à qui incombe la sauvegarde de ce qui reste du site datant de plus d’un siècle, et en l’absence de la société civile ,notre seule et unique consolation reste l’observation de quelques moments de silence sur les ruines de ce passé fleuri à l’instar des poètes de la Jahilia qui ont pris l’habitude de réserver les deux ou trois premiers vers de leurs longues poésies à l’observation des ruines des civilisations passées, en même temps qu’ils décrivent les traits de beauté de leur amant bien-aimée.
- Site web officiel de la bourse aux minéraux de Sainte-Marie aux mines.
- Témoignages des Mideltis ayant visités la ville.
Abdelaziz Hafidi
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