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MIDELT : rebelote

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par BEHRI ABDELAAZIZ
Midelt s'apprête à accueillir SM le Roi qui va, semble-t-il, nous honorer de sa visite tant attendue !

Pour être à jour, les responsables des projets prévus travaillent nuit et jour afin de les finir dans les délais impartis, sinon gare ! Finis les temps où l'on construisait dans le vide et où l'on jetait toujours les foudres sur le sommet. Aujourd'hui, tout le monde sait qui doit faire quoi...
          En effet, notre ville est devenue un grand chantier. A l'entrée de Mimlal, les ouvriers suent sang et eau pour édifier la province et l'hôpital provincial dont les travaux touchent à leur fin. Mais si les locataires de la province sont là qui attendent, très empressés, de rejoindre leurs bureaux, certainement plus spacieux et plus nombreux, il n'en sera pas de même de l'hôpital qui risque de n'accueillir que les malades, faute de médecins spécialistes, pour qui il n'existerait que l'axe Rabat-Casa. Le reste, c'est le Maroc inutile. A la sortie, du côté d'Errachidia, la nouvelle gare routière ouvrira bientôt ses guichets et l'on se demande ce que va faire le conseil de l'ancienne. Derrière la gare, un grand complexe religieux est en train de naître ; les travaux ont commencé depuis belle lurette et dureront encore quatorze mois. Quatre autres projets socio-économico-éducatifs, relevant de l'INDH, seront inaugurés par Sa Majesté qui ne manquera pas d'en lancer d'autres.


          L'artère principale, qui traverse la ville de bout en bout, a été élargie, bitumée et longée de candélabres dont il faut penser à préserver ceux des espaces verts car ils risquent d'être cassés, voire volés, comme ceux qui se trouvaient devant La Conservation Foncière. Quatre ronds-points agrémentent ce long parcours en joignant l'utile à l'agréable, surtout celui de l'Aberoual. Les trottoirs sont en passe d'être tous carrelés. Certes, les travaux avancent, mais, parfois, c'est aux dépens de leur qualité qui laisse à désirer, comme pour les carreaux dont la pose manque d'esthétique et dont certains adhèrent mal au sol. Et il paraît que c'est la sous-traitance qui en est la cause : à force de grignoter, on ne laisse rien au dernier qui recourt à la fraude pour réaliser un gain. La canalisation des eaux de pluie réserve, elle aussi, bien des surprises aux futurs édiles car le tronçon de la route d'Errachidia n'a pas été relié à la conduite principale de l'Aberoual. Les eaux s'y accumulent pour l'instant, mais le jour où les buses seront saturées, Dieu seul sait ce qu'il adviendra.


          A propos de « l'Aberoual », on vient de raser les vieux abattoirs (les nouveaux sont à Souk Al Had), et cet espace sera probablement converti en parc de stationnement pour décongestionner la grande avenue. Les habitants, non plus, n'ont pas été oubliés ; en effet, pour leur permettre de se détendre les pieds et les nerfs, on est en train faire de « la Koudia » de Mimlal ce qu'on a fait la colline de «la Haute Couture » : on noie un versant dans la verdure et on crée une promenade.


          Sur un autre plan, les gens s'estiment aujourd'hui heureux car ils n'ont plus besoin de subir les affres du voyage pour aller à Khenifra. Presque tous les services sont là, mais les fonctionnaires, par contre, mènent une vie dure parce que leurs tâches ont décuplé. Les autorités ne sont pas de reste avec les manifestations que les habitants d'autres contrées organisent de temps en temps.


          Cependant, il est un point noir qui dure et perdure, ce sont les chiens errants. La nuit, ils investissent la ville en se déplaçant par groupes dans les rues, constituant ainsi une menace pour les noctambules. Le jour, ils occupent l'ancien paysannat où se trouve une très belle piste de cross, privant ainsi les amateurs de jogging de leur bolée d'air frais. Et ces bêtes sont devenues d'autant plus dangereuses qu'elles ont goûté à la chair humaine en dévorant en partie les cadavres de deux arriérés mentaux. Il est vrai qu'on les chasse au fusil parfois, mais il faut les poursuivre dans leur repli stratégique qu'est le paysannat et alentours.


          Pour ne pas conclure sur cette note pessimiste, il faut admettre que note ville est en passe de retrouver tout son charme. Et le tableau serait achevé après la construction du lotissement Tilleli. Ce fut une ferme qui produisait les meilleures pommes du monde, du temps d'Etoublo, et les quinquagénaires savent de quoi je parle. Mais depuis le départ du colon, elle a été laissée en jachère. D'aucuns regrettent la disparition définitive de la ferme qui est le poumon de la ville avec ses dix-sept ou dix-huit hectares de verdure, mais puisque ce n'est plus labourable, il n'y a pas de mal à ce qu'elle devienne habitable. Un problème en moins.


BEHRI Abdelaaziz

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