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- Publication : jeudi 22 juin 2017 15:53
Les faux-culs et la modestie imposée.
Croire en ses capacités, ses compétences et le dire est non seulement une posture valorisée dans la culture nord américaine, mais c’est une attitude qu’on incite à revendiquer.
Apprendre à dire je suis bon et je suis capable de faire bien, est culturellement difficile dans certains milieux car cela allume tout de suite les lances flammes des détracteurs qui nivellent par le bas et qui honnissent toutes les têtes qui osent sortir du lot.
Ce n’est pas l’apologie de la vantardise qui veut s’arroger des qualités usurpées ni de la vanité des égos qui se maquillent de narcissisme. Ce n’est pas la fanfaronnade des reclus en manque de considération ni les gasconnades pour impressionner la galerie. C’est uniquement, la conviction de la maitrise d’un savoir faire quand on a fait ses preuves et qu’on avance vers la réalisation de soi comme personne, comme entité émotionnelle et comme humain. Il n y a aucun mal à dire " je suis un bon citoyen!" ou " J’aspire à être une meilleure personne".
Quand on est un bon médecin, on peut le dire. Cela rassure les patients et valorise le serment envers les malades. Quand on est un bon vendeur, on doit le clamer sans jamais en négocier la teneur. Quand on est un détracteur, on se doit de l’assumer sans fourguer une quelconque morale en emballage et quand on est un bon auteur, on peut s’en convaincre et l’écrire…
Suffisent les doutes qui harcellent la quête de l’excellence et les tracas du perfectionnisme qui assaillent chacun dans son univers.
Trimer pour essayer de sortir du contingent, c’est refuser le nivellement par le bas. La hantise à ramener tout le monde dans une moyenne statistique ne tient pas compte de l’étalage vertical de l’échantillon ni de la multitude. La moyenne statistique ne valorise pas la singularité et les particularités. On se veut unique et non conforme à l’uniformisation puis après on a le choix d’être anticonformiste.
Bien sur, les détracteurs ne l’entendent pas de cette oreille. Bien sur les détracteurs ne sont jamais vos pairs ni des bien avisés de votre milieu ou des connaisseurs avertis de votre domaine de compétence. Les détracteurs, ne supportent pas de voir exposé l’autre avec ses réalisations. Les détracteurs veulent le déni de ce qu’ils peuvent être. Les détracteurs veulent astreindre au silence dans les donjons de la jalousie qui phagocyte leur vision de l’autre.
Souvent, ne pouvant attaquer le message, ils attaquent l’intégrité physique, psychologique…de leur marotte. Et quand ils n’ont ni les mots pour le dire, ni l’éloquence pour l’argumenter, ni le courage pour l’assumer, ils se rabattront sur des emprunts et chercheront des citations venues d’ailleurs…
Les détracteurs n’ont qu’un modèle auquel ils tendent les autres à se conformer. Ils n’ont qu’seule référence qui aiguise leurs sophismes envidant les contenus. Ils ne connaissent que le cul de l’éléphant et tout devrait s’y rattacher. Ah le cul de l’éléphant ?
Un jour qu’enfant né aveugle accompagnait ses parents au Zoo, il avait recouvert la vue, soudainement, durant un moment. Un laps de temps très court en millième de seconde. Durant ce miracle, il n’a vu que le cul d’un éléphant qui se trouvait sous nez. Sa vision repart dans les ténèbres et il redevient aveugle aussi vite qu’il a pu voir et puis c’est le néant, la pénombre, l’obscurité.
Depuis cette excursion, il ne peut soupeser toute comparaison avec un événement, individu ou animal sans demander : Est-ce que cela ressemble au cul de l’éléphant ? Plus gros ? Plus petit ? Plus vert?... Le cul de l’éléphant est devenu sa référence du monde visible. Bref! Revenons à la culture Nord américaine.
Je me souviens de mes premières entrevues au Québec dans les années 80. Je me faisais discret, je ne regardais pas l’interlocuteur dans les yeux puisque j’avais appris à ne pas sembler effronté et quand on me demandait si j’avais le potentiel pour assumer la tache, je répondais par des « Oui, un peu. Chouia,..» Ce qui pour moi était une façon d’être modeste, humble alors que les gens attendaient à ce que je dise « Oui je suis bon et j’ai les compétences nécessaires pour assumer et mener la mission à terme, je suis votre homme! »
J’ai fait mon bout de chemin et j’ai appris à me valoriser, à être ce que je suis. Ni plus ni moins et personne ne pourrait s’y frotter pour rabaisser, humilier, dénigrer…
Les détracteurs font partie du paysage et on peut s’en accommoder, toutefois les faux-culs qui montent aux barricades pour défendre les droits humains, la dignité et se battre contre les injustices macro-économiques, sociétales, politiques et qui ne lèvent jamais un petit doigt pour être juste quand il le faut. Quand ils sont spectateurs d’un arbitraire, d’une indélicatesse, d’une fourberie, d’une imposture, d’un acharnement (Mais arrêtez ! Je ne vais pas faire tous les synonymes !)
Nos perceptions et notre besoin de pérennité, nous poussent parfois à des jugements de valeurs et à la standardisation des modèles connus: L’autre à notre image ou du moins à l’image que nous lui prescrivons.
Du fait que nous exécrons les comportements arrogants, hautains, il nous arrive de vouloir les corriger en justifiant ce que personne ne devrait subir pendant le processus d'affirmation de soi et de façonnement de ses propres caractéristiques. Le dénigrement et la violence verbale réductrice. Si on ne se voyait qu’à travers les yeux de certains, cela ne prendrait pas beaucoup de temps avant d’être aveugle.
Ce n'est pas parce qu'on aspire à être particulier qu'on rejette la condition de l'autre et ce n'est pas parce qu'on défend l'être singulier qu'on est adepte l'égocentrisme de l'individualisme.
Pour le reste, je peux aussi agrémenter de citations bien recherchées.
«Il n’y a pas longtemps, c’étaient les mauvaises actions qui demandaient à être justifiées, aujourd’hui ce sont les bonnes.» Albert Camus
« Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. » Georges Courteline
"Il faut se défier des poètes, ils ont la réputation de deviner juste !"
Jean Pellerin
« Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement » Eleanor Roosevelt.
Auteur :
Majid Blal, Sherbrooke, le 11 décembre 2012